Humeurs

Les lignes. Et les mots.

20 mai 2017

Il y a t’il plusieurs façons d’approcher les lignes et les mots ?

Les lignes d’un poème, d’une lettre, d’un ouvrage quel qu’en soit le thème.

Les lignes d’un billet, d’un message, d’un écrit.

Les mots. Écris ou murmurés, prononcés, balbutiés, criés, hurlés, pleurés. Leur joie. Leur douleur.

Pour moi, il y en a deux.

La première c’est celle qui plonge à l’intérieur. Celle qui pénètre et se rassemble autour des émotions des lignes, de la tonalité des mots.  Leur musique,  leur rythme, mais aussi leur corps, leur vibration, ce que les mots disent, écrits ou soufflés, ce qu’ils évoquent, ce qu’ils expriment, ce qu’ils animent en terme d’émotions, de vécu, de joie ou de douleur, de rires, de larmes.

La première c’est celle qui se penche et tend l’oreille, celle qui tremble parfois. soupire, souris et pleure à la lecture ou a l’écoute.

Celle qui tourne les pages ou caresse les lignes avec le regard et le cœur. Celle qui comprend les mots. Même dans le silence.

Celle qui pourrait entendre les pensées de l’auteur d’un ouvrage, rencontrer ses contours, discerner derrière un sourire voilé par l’ombre du soir qui s’attarde, derrière le léger tremblement de la joue, le battement des cils étrangement régulier, le petit feu de lumière fade qui embrume le regard et laisse frémir quelque chose d’indéfinissable au fond du cœur, toute la peine ou toute la détresse du personnage décrit, qui n’en finit plus pourtant de sourire.

Et puis il a la seconde.

La seconde qui ne s’attarde pas pour ne pas perdre de temps . Pour ne pas s’encombrer. Par ennui, désintérêt ou simple habitude de feuilleter ou de jeter un œil détaché sur les mots.

Celle pour qui un sourire est un sourire. La joue qui tremble n’est rien de plus  qu’un muscle qui frémit nerveusement. Le petit feu de lumière fade qui embrume le regard n’éclaire rien d’autre qu’un œil terne. Et la détresse de celle ou celui qui sourit derrière la façade cabossée de son âme laisse à cette forme de lecture là, le détachement de l’indifférence.

Pour moi, c’est pareil avec les objets, les situations, les ambiances, les personnes qui nous entourent, qu’ils fassent partie de nos vies, qu’on les croise parfois, ou qu’ils soient totalement inconnus. On peut choisir de plonger à l’intérieur. Ou de ne surtout pas s’encombrer.

Plonger, ou rester détaché des mots, des lignes ou de l’autre, joyeux et omniprésent, tout en gestes larges et en paroles lumineuses, l’autre  qui occupe pleinement l’espace, le temps, le souffle et tout ce qui transpire la vie.

L’autre différent, discret et presque marginal, silencieux et songeur, curieux funambule parfois bancal du quotidien.

L’autre las, fatigué et sombre. Égaré, effacé, transis par ce qui peu à peu l’éreinte, l’approche à pas feutré de l’arête aiguisé du renoncement. Celui là même dont la joue tremble et qui sourit pourtant toujours.

Je choisis toujours la première lecture. Depuis l’enfance.

Parce que les mots comptent pour moi. Les mots, les lignes, les personnes, l’espace et les objets qui m’entourent.

Parce que je déteste l’indifférence. Je déteste la violence de ce qu’elle dit ou plutôt de ce qu’elle ne dit pas.

Je déteste l’absence d’amour qui l’habite, cette forme de mépris qui laisse les cris de joie ou les hurlements de douleur venir cogner contre son ventre, se disloquer et se dissoudre comme une poussière froide.

Les lignes et les mots s’offrent. Ce sont de petites étincelles de partage, de fils tendus entre soi et les autres, l’expression des émotions du cœur et de l’âme oscillant au rythme de l’histoire de chacun, parfois doux, parfois amers, mais toujours vivants.

C’est aimer quelque part.

C’est savoir aimer.

 

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