Depuis presque un an je surfe au fond des abysses.

Ma planche est vermoulue, elle coule et j’ai beau passer par plusieurs paliers de décompression suivant les semaines pour rejoindre la surface et prendre une goulée d’air salvatrice, il y a quelque part, tout au fond de mon corps, une ancre qui pèse aussi lourd que l’acier. Alors je replonge…

Il y a des maladies comme ça. Du corps. Du cœur. De l’âme. Des maladies errantes, discrètes et silencieuses qui vous enferment dans un scaphandre d’épuisement et vous font perdre peu à peu l’élan, l’étincelle, le courant fort de votre énergie vitale pour n’en mépriser que le courant faible et vous le concéder, vous le perfuser doucement, juste pour vous rappeler la saveur qu’avait votre vie… avant…

J’ai tout essayé pour retrouver mes couleurs.

J’ai absorbé toutes sortes de décoctions, de préparations, de vitamines, d’acides aminés, de compléments alimentaires. En gouttes, en pilules, en sachet, en poudre, en ampoule. Rien n’y a fait.

De bilans en analyses et de rendez-vous improbables avec toutes sortes d’internistes à de longs entretiens avec mon médecin de famille, on a fini par me confier qu’il faudrait du temps, de la patience et une bonne dose de volonté pour retrouver peu à peu les forces dont cette fichue maladie m’a privée. Mais aussi m’attacher à réparer tout le reste. Toutes les petites et grandes douleurs qui ont conduit mon corps et mon esprit à lâcher prise en fin d’année dernière.

Moi, je sais pourquoi……

Mais si être harponnée par un virus que l’on attrape habituellement dans l’enfance est une chose, le fait qu’il lamine à ce point, qu’il joue avec le cadran de l’horloge des jours et des semaines depuis des mois est une torture lente pour quelqu’un d’hyperactif comme moi, le genre d’épreuve qui se prolonge et n’en fini plus d’épuiser l’espoir de se lever un matin en sentant que la journée aura enfin l’éclat de l’énergie retrouvée.

Bref. Six ou sept paragraphes pour parler de mes misères c’est déjà bien assez. Particulièrement quand le sujet premier tournerait plutôt autour de mes décoctions de sorcières, celles qui fleurissent depuis quelques années sur mes étagères et dans mon frigo.

Mes filles ouvrent parfois ce dernier avec des regards effrayés puisque pour saisir un pot de confiture ou une plaquette de beurre, il faut au préalable pousser le bocal de Kefir de lait, faire attention de ne pas renverser le pot d’ail fermenté au miel et ne pas toucher aux cultures de Kombucha qui dorment en attendant -un peu comme moi- un prochain réveil.

Dans la catégorie des petites merveilles que la fermentation naturelle nous offre, laissez moi vous parler du levain de gingembre.

Du gingembre frais râpé ou non, épluché ou non, de l’eau, du sucre, de la chaleur et de l’attention. C’est tout. Et c’est la base presque éternelle de toutes sortes de boissons pétillantes, un levain (une base pour préparer toutes sortes de sodas naturels) à l’efficacité redoutable puisqu’il a transformé cet été l’une de mes bouteilles insuffisamment dégazée en bombe…

Facile à préparer, voici des proportions simples qui vous permettront de vous lancer :

– l’équivalent d’un grand verre d’eau .

– une cuil à soupe de gingembre frais coupé en morceaux (avec la peau).

– 1 cuil à soupe de sucre.

Attention, déposez ce mélange dans un bocal de type Le Parfait avec joint en caoutchouc et non dans un bocal a bouchon a vis. Dans un premier temps il n’y aura pas de danger, mais par la suite, lorsque la fermentation débutera, et particulièrement en été avec la chaleur, le levain de gingembre (comme le kefir d’eau) peut faire exploser son contenant et devenir très dangereux.

Déposez votre bocal au chaud, près d’un radiateur en hiver ou sur un rebord de fenêtre légèrement ensoleillé l’été et nourrissez ce levain débutant d’une cuillerée à soupe de sucre et d’une cuillerée à soupe de gingembre chaque jour jusqu’à ce que vous entendiez une pétillance et que de petites bulles commencent à se former en surface. Parfois, vous constaterez qu’une sorte de mousse blanche se forme également sur le dessus de la préparation. C’est tout à fait normal, sauf si votre levain se met à sentir mauvais. Si c’est le cas, jetez le tout et recommencez. Pensez à dégazer de temps en temps votre bocal en ouvrant le couvercle, jusqu’à plusieurs fois par jour par temps chaud.

Une fois votre levain prêt, vous pouvez préparer votre ginger ale en prélevant 50 ml du liquide de votre levain filtré.

Pour cela, portez au préalable à ébullition douce 1 litre d’eau, 2 cuil à soupe de gingembre frais pelé et coupé en morceaux et 50 gr de sucre. Vous pouvez ajouter le jus d’un citron jaune ou vert si vous souhaitez parfumer vos boissons mais ce n’est pas obligatoire. Laissez refroidir, filtrer et ajoutez vos 50 ml de levain. Mélangez l’ensemble et placez votre préparation dans une bouteille de type limonade avec bouchon de sécurité. Vous voilà fin prêt pour la deuxième fermentation.

Placez votre bouteille de ginger ale au chaud (modérément, car trop de chaleur tuerait les bonnes bactéries naissantes) et laissez la magie opérer… Laissez 48 h de repos à votre bouteille puis contrôler sa pétillance. Attention, là encore, dégazer la souvent par forte chaleur ou conservez la au frais après les 48 h de seconde fermentation.

A vous ensuite de tester, goûter, prolonger la fermentation et faire vos propres essais en utilisant le levain de gingembre pour faire fermenter vos jus de fruits frais naturel, ou vos eaux parfumées aux feuilles de menthe ou de verveine par exemple.

La boisson réussie est délicieusement pétillante et rafraichissante. Elle se conserve plusieurs jours au frais, et entre deux préparations, conserver votre levain de gingembre au frais également. Comme pour un levain de farine, il suffira de le nourrir comme indiqué ci-dessus pour relancer la fermentation et reprendre le processus.

Pensez également à ajouter à votre levain a chaque prélèvement la même quantité d’eau que celle que vous avez prélevé pour réaliser vos boissons.

Le ginger ale me fait du bien. Pour rappel, les vertus du gingembre son nombreuses et il stimule, entre autre, le système immunitaire. Mais il est également énergisant, stimulant et tonifiant.

N’hésitez pas à m’écrire si vous avez des questions. 🙂