Humeurs

Et ton gamin, à l’option IMC du bac, il a eu combien ?…

9 janvier 2012

Bon… je vous avoue que je n’avais pas l’intention d’en rire. Mais alors pas du tout. Ca m’a même fait grincer sérieusement les dents sauf qu’il y a quotidiennement  des sujets tellement plus graves qui me heurtent et me soulèvent l’estomac que ce sujet là, ben, j’avais au départ décidé de passer au-dessus. Et puis, après réflexion, ce carnet que je tente de garder vierge de mes coups de gueule ou de colère parfois – car, chers lecteurs, je doute que vous ayez envie qu’on vous prenne la tête lorsque vous venez vous balader sur un blog culinaire – ce carnet donc, a pour thème la gourmandise, la cuisine et ses parfums et la passion que j’ai pour elle. Alors si les sujets de société qui me touchent et m’émeuvent, je serais tentée d’en parler de manière plus engagée sur des pages extérieures à ce site, je pense que lorsqu’ils ont pour résonance, de près ou de loin  le fait de manger et de le faire correctement, ils peuvent avoir une petite place ici…

…..

Voilà qu’une lettre ouverte au futur président est adressée par LE médecin star du régime du moment – à la sensibilité, faut il le préciser,  ultra protéiné – afin de soumettre une idée qui m’a hérissé l’indice de masse corporelle…

Pour ceux qui n’auraient pas suivi le buzz généré par cette histoire, ce monsieur a donc suggéré de donner des points en plus au baccalauréat, aux étudiants qui conserveraient leur poids de forme entre la seconde et la terminale et d’en donner le double aux personnes obèses à la conditions qu’elles perdent 100 grammes par trimestre, se soumettent à 6 pesées annuelles et suivent des cours de nutrition…

Alors, à la limite, cette suggestion aurait été proposée par un ambassadeur de la gastronomie, une personnalité reconnue dans l’univers du « bien manger », j’aurais sans doute souri en me disant que décidément, on peut parfois s’égarer sur la chemin de la passion.

Là, ce qui me hérisse tout particulièrement, c’est que cette proposition dérangeante émane d’un homme dont la notoriété et la fortune se font sur le dos d’une souffrance, d’un mal-être, d’une mésestime de soi à grand coup de régime ultra draconien.

Et j’en sais quelque chose.

Rahhhh j’avais décidé de rester dans l’humour, mais ça va être dur…

Bref…

Bon, à 18 ans, j’imagine le truc. T’es mince, t’es jeune, t’es beau, pour peu que tu aies un peu bossé les matières à fort coeff. de ton bac, avec ton IMC à faire pâlir d’envie ton prof de sport, tu peux même prétendre à la mention grâce à cette formidable idée.

A l’inverse, t’es gros – et on s’arrête là- parce qu’un gros, malheureusement, on s’attarde en général peu sur ses qualités – t’as intérêt à avoir bien bossé ton bac, sinon, c’est rattrapage. Et encore, si tu l’as…

Ben voyons. C’est déjà pas assez galère pour ces jeunes là pour qu’on leur enfonce encore un peu plus la tête dans leur mal-être, qu’on creuse un peu plus les différences et qu’on accentue encore davantage le culte de la minceur qui fait pourtant des ravages chez certaines jeunes filles.

Ce qui me révolte dans toute cette histoire, c’est qu’on est pas « gros » par envie. On n’est pas en surpoids par plaisir. Suivant les vécus, les contextes familiaux, le poids a une génétique, une histoire, le poids est une plaie,  une véritable souffrance. Il ne s’inscrit pas au hasard de quelques hamburgers superflus et de parts de pizzas les soirs de déprime. Il s’installe chez les tout petits ou apparait plus tard, à l’adolescence ou à l’âge adulte et il peut bouleverser une existence en étriquant la vie : pas de piscine sans se planquer derrière sa serviette, pas de plage après 11 heures du matin pour ne pas croiser trop de monde, pas de vêtements essayé dans les magasins où les vendeuses passent leur temps plantées derrière les cabines, pas de restaurant sans culpabilité, pas de dessert sans avoir le sentiment de n’avoir aucune volonté et aucune estime de soi.

Il erre aussi parfois sur les chemin de la boulimie, se gargarise de compulsions alimentaires sauvages et peut flirter avec la cuvette des toilettes  histoire de mieux vomir tout ce qui est entré…

Et puis, souvent, des années de régimes trop restrictifs font le reste, avec à chaque fois, un généreux bonus…

Et c’est précisément un ambassadeur de ce type de régime qui voudrait révolutionner la relation des jeunes avec la diététique à grand renfort de carottes fort discutables ?

A quand un exemplaire de son dernier ouvrage entre un bouquin de français et deux classeurs de maths…

A quand le « tout protéines » à la cantine, les galettes de son d’avoine, et les flans de lait écrémé à l’agar-agar et à l’arôme de fruits…

….

Non mais franchement…

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11 Commentaires

  • Répondre Cali 10 janvier 2012 à 2 h 20 min

    Et ben moi ton coup de gueule me plaît bien ……….. et j’ose espérer que ce projet insensé ne voit jamais, OH GRAND JAMAIS, le jour ! Comme je l’ai déjà dit il y a quelques jours, à force de régimes, cet énergumène a dû perdre quelques neurones au passage !

  • Répondre jean-louis 10 janvier 2012 à 10 h 01 min

    Bravo,
    Comment parler de souffrance des autres quand vous faites fortune égoïstement sur le mal-être, trafiquez les photos de vos bouquins pour les rendre appétissantes, mettez sur le marché les produits dérivés, faites un procès à votre ancien élève Cohen, qui a aussi appris le profit ? Apothéose quand vous apprenez que ces médecins travaillent pour le compte de l’industrie agro-alimentaire et notamment quelques études favorables au cola Light, qui comme chacun le sait est le totem de l’anorexie-boulimie. Si vous êtes nombreux, mettons en place un FLADC, Front de Libération des Adeptes de Dukon.Cohen. Hélas l’horreur est humaine.

    • Répondre nat 18 janvier 2012 à 14 h 17 min

      Jean-Louis : le problème c’est que le dictat de la minceur est une véritable manne… Les affiches, les pubs, les revues, les magasines n’illustrent pas le quotidien mais souvent l’exception -qui à bien y regarder, est elle-même tronquée à coup de Photoshop et d’aérographe- A défaut de s’y retrouver, beaucoup s’y perdent…

  • Répondre Sylvie rOndslesmacarOns 10 janvier 2012 à 20 h 43 min

    Ce qui me terrorise dans cette histoire, c’est cette presque sélection établie sur des critères physiques, comme un critère de performance que ce personnage est en train d’établir dans notre société, .
    Dans les années 30, un allemand fou furieux a eu une idée finalement proche, on sait comment ça a fini

    • Répondre nat 18 janvier 2012 à 14 h 15 min

      Sylvie : quand on voit ou mène cette dictature des régimes, boulimies, anorexies, régimes yoyo, c’est une catastrophe…

  • Répondre Salles Gisèle 12 janvier 2012 à 11 h 31 min

    Bonjour,
    Je comprends votre colère,à propos de cette aberration,ce grand arnaqueur ,vendeur de son propre régime hyper proteiné qui met le gens en danger , veut faire le buzz à des fins personnelles ,
    Qu’elle discrimination , rien à voir avec les études où une option musique comme le prône ce monsieur , pour qui se prends -t-il?
    Boris Vian avait écrit un livre »Et on tuera tous les affreux » lui en proposé le moyen.
    Le jeunesse à besoin d’autre chose que de ce terrorisme! déjà mieux manger à la cantine par exemple, a-t-il pensé aux familles démunies qui ne peuvent proposer à leurs enfants
    pâtes & co…5 fruits légumes par jour il faut avoir les moyens.
    Il faudrait aussi se pencher sur la dictature des pubs etc…et non comme d’habitude sanctionner les victimes…Celles de la société de consommation.

    • Répondre nat 18 janvier 2012 à 14 h 14 min

      Gisèle : merci d’avoir fait part de votre avis sur le sujet. C’est un sujet sensible.

  • Répondre Audrey 13 janvier 2012 à 16 h 45 min

    Bonjour,
    Depuis que je suis venue l’an dernier suivre plusieurs cours de cuisine je suis assidument votre blog. Je trouve que ce « coup de gueule » est plus que justifié. Et j’ajoute mon commentaire parce que je meurs d’envie de vous soutenir et de dire le fond de ma pensée. A l’annonce de cette info, j’ai repensé à moi au lycée, et je me suis demandée si j’aurai eu ce « bonus ». Et bien non, et non pas parce que j’étais « grosse » comme un certain médecin aime le dire mais plutôt l’inverse. Je pensais que la minceur était un critère de beauté et si un médecin, à la télévision, m’aurait fait entendre, à cette époque, que j’avais raison, je ne m’en serais peut être pas sorti. Je suis en colère contre ses idées qui n’aident personnes et encore moins les jeunes adolescents en recherche d’identité.
    Bonne continuation pour votre blog et votre activité d’ateliers qui sont extras 🙂

    • Répondre nat 18 janvier 2012 à 14 h 13 min

      Audrey : merci pour votre message, c’est vraiment gentil. Et merci aussi d’avoir transmis votre avis sur ce sujet sensible…
      A bientôt.

  • Répondre nelly 18 janvier 2012 à 18 h 05 min

    tout a été dit dans les commentaires,!!! j’adhère totalement à ce billet!! où va-t-on??le monde du beau , du paraître! quels dégâts auprès de ces jeunes filles qui s’identifient aux modèles des magasines, alors
    que, comme vous le dites, tout est faux!!ah! nous pourrions débattre longuement sur ce sujet…..
    bonne soirée…!

  • Répondre Françoise57 27 mai 2012 à 19 h 47 min

    Bonsoir,
    Arrivée sur votre blog qui me fait saliver par le hasard d’un lien, je voulais juste vous dire que je suis à 10000000000000000 % d’accord avec vous ! D’ailleurs ce vil personnage a préféré prendre sa retraite avant d’être rayé de l’ordre des médecins. Un humoriste que j’aime beaucoup, François Morel je crois, lui avait dédié une chronique assassine et pleine d’humour.
    Encore un dont je suis ravie d’être débarrassée !
    Et vous avez bien raison de pousser des coups de guele : « Indignez-vous ! »

  • Répondre à Françoise57